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L'ouvrage propose l'étude de plusieurs textes littéraires du XXe et du XXIe siècle dans lesquels des problématiques juridiques sont mises en scène et traitées. Les possibilités de fiction, offertes par...
Magistrate exceptionnelle à tous égards, première à répétition : présidente du tribunal de Paris, directrice d'administration centrale et première présidente de la Cour de Cassation. À 103 ans, Simone Rozès est l'une des figures de l'exposition « Justice : les pionnières », inaugurée à la Cour de cassation le 13 avril dernier.
Le procureur de Nevers qui l’accueille pour son premier poste lui précise qu’elle ne doit pas s’attendre à être traitée comme une femme. Elle répond : « comme un collègue, cela ira très bien ». Elle revient à Paris en tant qu’adjointe du bureau du cabinet du garde des Sceaux. Mais après 12 années, lorsqu’il s’agit de remplacer le numéro 1, le ministre tranche : « une femme, vous n’y pensez pas ! ».
Simone Ludwig naît le 29 mars 1920. Après des études de droit, elle dit « avoir la flamme » pour la magistrature. Dès que la loi du 11 avril 1946 permet à l’un et l’autre sexe de rendre la justice, elle se présente aux portes du palais. Son parcours sera exemplaire.
Première présidente de la 17e chambre correctionnelle (1969-1973). Simone Rozès rejoint le TGI de Paris en 1962, où elle est la première femme à présider la chambre correctionnelle dédiée aux affaires de presse. Elle se fait remarquer pour son intelligence, sa liberté de ton et son sens de la répartie.
Première directrice d’administration centrale (1973-1976). Le garde des Sceaux, qui face à une crise à l’éducation surveillée, ancêtre de la protection judiciaire de la jeunesse, pense à Simone Rozès, qu’il décide de nommer directrice, la première en administration centrale à la Chancellerie. Un observateur commente : « ce poste convient à une femme car les maisons de l’éducation surveillée sont des sortes de jardins d’enfants, permettant ainsi à la vocation maternelle de s’épanouir ».
Première présidente du TGI de Paris (1976- 1981). À 56 ans, Simone Rozès est la première femme nommée présidente du tribunal de grande instance de Paris. Elle tient elle-même les audiences de référé. Un jour, elle refuse au ministre de la Justice l’insertion d’un droit de réponse dans un journal. Furieux, Alain Peyrefitte lui téléphone pour lui indiquer que huit personnes lui avaient affirmé que ce dossier tenait. Elle répond : « Monsieur, il s’agissait de huit courtisans ». Elle est priée de quitter son poste et de s’éloigner.
Première femme nommée à la Cour de justice des Communautés européennes (1981-1984). Pendant trois années elle tient le rôle d’avocate générale à la Cour de justice du Luxembourg. Simone Rozès fait de cette promotion-sanction une opportunité et s’inscrit dans l’histoire d’un droit européen.
Première première présidente de la Cour de cassation (1984–1988). François Mitterrand et Robert Badinter ont connu Simone Rozès à la 17e chambre, le premier en tant que prévenu, le second en qualité d’avocat. Devenus respectivement président de la République et garde des Sceaux, ils lui proposent de devenir la première présidente de la Cour de cassation. Pour la convaincre, ils argumentent sur le terrain du symbole paritaire : « vous le devez aux femmes ».
À 64 ans, elle a pour mission de réformer la Cour de cassation, institution considérée comme excessivement traditionnelle. Avec détermination et méthode, elle entame une modernisation de la Haute Cour. En 1988, Simone Rozès quitte la Cour de cassation pour prendre sa retraite. Si elle a constaté que son destin était d’être toujours la première, elle tempérait : « toute carrière a besoin de chance ».
Ni un privilège, ni un handicap, Simone Rozès assume sa « condition féminine ». Cette pionnière choisit une approche égalitaire pour présenter l’entrée des femmes dans la magistrature comme simplement normale. Elle évite de mettre en avant les supposées qualités des femmes comme autant de risques de les cantonner à des fonctions « de sensibilité ». Elle insiste sur le fait qu’au cours du délibéré, elle n’a jamais perçu « de différence entre le raisonnement juridique d’un homme ou d’une femme : la compétence est partagée » (V. G. Joly-Coz, Femmes de Justice : Enrick B. éd., 2023).
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