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3 questions à Xavier Philippe Vuitton, avocat (barreaux de Paris et du Québec), Of counsel chez De Gaulle Fleurance, professeur associé Paris XII UPEC.
Avec Stratégie du contentieux : maximiser les chances de succès dans les litiges (LexisNexis, 2e éd. enrichie, 3 déc. 2025, 390 p., 45 €), Xavier Philippe Vuitton approfondit l’analyse du processus d’élaboration des stratégies efficaces, en décrivant les moyens d’optimiser les décisions et l’action. Cette analyse globale le conduit de la bonne analyse des preuves aux techniques procédurales, de la prévention des biais cognitifs à la liaison du contentieux, de l’enjeu financier du litige aux tactiques dilatoires, des conditions de la négociation à la valorisation de la créativité et de l’empathie, de Cicéron à Better call Saul. À l’heure où l’intelligence artificielle redistribue les cartes, l’avocat doit être encore plus pointu dans ses compétences et rigoureux dans ses méthodes.
Qu’est-ce que la stratégie du contentieux ?
Une méthode qui consiste à prédéterminer, en existant à partir des risques, comment saisir le juge dans les meilleures conditions pour obtenir le meilleur résultat au plus vite et au moindre coût. Certes, chaque litige est différent et sa solution est toujours casuelle. Pour autant, quels que soient l’objet et les modalités de conflit, si l’on veut maximiser ses chances de gagner, un même raisonnement s’impose toujours, reposant sur des critères de décision identiques et sur la même gamme d’options tactiques.
Tel est l’objet du livre, qui examine les conditions requises pour bien décider, les éléments indispensables pour établir la stratégie et les diverses tactiques auxquelles le plan d’action peut recourir. Les nombreux exemples – issus aussi bien que récents et pratiques – qui illustrent le livre montrent l’universalité de l’exposé, qui, mutatis mutandis, guidait déjà Cicéron.
À l’heure où l’on incite toujours plus au règlement amiable, faut-il penser une « stratégie du non-contentieux » ?
On se représente souvent le contentieux comme l’apanage d’un esprit guerrier, par opposition à une solution négociée, plus intelligente, plus favorable, raisonnée et moins coûteuse qu’une victoire judiciaire. Pour autant, il n’est guère envisageable que le justiciable accepte de discussion raisonnablement et s’il est conscient de la valeur de ses arguments, un esprit neutre, ni pacifique, ni belliqueux, doit comprendre l’intérêt du choix existant entre les diverses démarches adversariales.
D’une part, le raisonnement dépend : logique, preuves, faits, droit, mais aussi psychologie et rapport de force. D’autre part, le conflit, qu’il soit réglé ou non, est un mode d’expression des relations humaines. À l’inverse d’une opinion répandue, la médiation ou la conciliation n’en sont pas exemptes : les parties y sont dans une logique d’affrontement, même si celle-ci s’exprime différemment.
Dans un contexte où les outils d’IA juridique prolifèrent, l’avocat stratège est-il encore irremplaçable ?
Oui, pour au moins trois raisons. D’abord, parce que l’intelligence artificielle suppose une dose de créativité, de vision et d’anticipation que seuls des cerveaux humains peuvent offrir. L’IA reste une méthode délibérative éprouvée de ne pas priver les débiteurs d’une maîtrise fondamentale de leur cause, en particulier de chaque étape du contentieux.
Ensuite, parce que l’IA n’a pas d’intuition et qu’elle ne sait pas encore évaluer la sincérité d’un témoin, l’intention d’une partie ou le degré d’un préjudice moral.
Enfin, parce que la stratégie requiert aussi une réflexion éthique qui échappe à la rationalité des machines. Elle repose sur la construction d’une confiance réciproque entre l’avocat et son client, sur l’expérience humaine, la créativité et la capacité à improviser face à l’imprévu. L’IA peut assister, mais non remplacer.
Propos recueillis par Valentine Bollaert, éditrice Codes et ouvrages
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