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Dignité et courtoisie : des piliers de la déontologie des avocats

La déontologie comme socle de la confiance

La profession d’avocat repose sur des valeurs fondamentales qui dépassent la simple technicité juridique. L’avocat est investi d’une mission de défense, de conseil et d’accompagnement, mais aussi d’un rôle symbolique dans la protection de l’État de droit. Parmi les principes qui structurent cette mission, la dignité et la courtoisie occupent une place centrale. Ils garantissent non seulement la crédibilité des avocats dans l’exercice de leurs fonctions, mais aussi la confiance du public dans l’institution judiciaire. Ces valeurs ne sont pas de simples recommandations morales : elles constituent des obligations déontologiques contraignantes, dont la méconnaissance peut entraîner des sanctions disciplinaires.

La dignité : une exigence au cœur du métier d’avocat

Une valeur consacrée par les textes : le principe de dignité est expressément prévu dans plusieurs textes fondateurs de la profession :

  • Article 3 du décret n° 2005-790 du 12 juillet 2005 : l’avocat exerce ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité, dans le respect des termes de son serment.
  • Articles 1.3 et 1.4 du Règlement Intérieur National (RIN) : la dignité fait partie des principes essentiels de la profession, et sa violation constitue une faute disciplinaire.

Ainsi, la dignité n’est pas une notion abstraite, mais un principe juridique contraignant qui fonde l’éthique de la profession.

La dignité dans l’exercice professionnel : la dignité impose à l’avocat une conduite irréprochable :

  • Dans le cadre des audiences, il doit faire preuve de retenue, même dans la défense la plus vigoureuse.
  • Dans ses relations avec les juridictions, les confrères et les clients, il doit respecter la posture d’un officier ministériel garant du bon fonctionnement de la justice.
  • Dans sa vie privée, il doit éviter tout comportement susceptible de nuire à l’image de la profession.

Ce principe s’étend au-delà du strict cadre professionnel, traduisant l’idée que l’avocat incarne sa fonction en toutes circonstances.

La dignité face aux nouveaux défis

À l’ère des réseaux sociaux, cette exigence prend une dimension particulière. Les propos tenus en ligne, les comportements publics et même les prises de position politiques peuvent être scrutés et jugés au regard du devoir de dignité. Il s’agit d’un rappel fort : l’avocat ne peut pas dissocier totalement sa vie personnelle de son rôle public.

La courtoisie : un ciment des relations professionnelles

Une obligation déontologique affirmée. La courtoisie, indissociable des notions de confraternité et de délicatesse, est également consacrée par les textes :

  • Article 3 du décret n° 2005-790 : l’avocat doit respecter les principes d’honneur, de loyauté, de désintéressement, de confraternité, de délicatesse, de modération et de courtoisie.
  • Article 183 du décret du 27 novembre 1991 : le non-respect de ces obligations peut conduire à des sanctions disciplinaires.

La courtoisie dans les relations avec les confrères. Entre avocats, la courtoisie est essentielle pour préserver l’esprit de confraternité. Elle implique :

  • Un respect mutuel, même en cas de concurrence ou de désaccord.
  • Une communication loyale, sans manœuvres dilatoires ou comportements agressifs.
  • Une volonté de collaborer à la bonne administration de la justice.

La courtoisie ne signifie pas absence de fermeté, mais respect dans la contradiction.

La courtoisie envers les juridictions. Devant les magistrats et les greffes, la courtoisie est la condition d’un dialogue constructif.

Un avocat peut plaider avec force et conviction, mais doit bannir toute attitude injurieuse, méprisante ou théâtrale qui nuirait à la solennité de l’audience.
Ici encore, la courtoisie contribue à préserver la crédibilité de la profession et à garantir le respect du contradictoire.

La courtoisie vis-à-vis des clients et des tiers. Dans la relation avec les clients, la courtoisie favorise :

  • Une communication claire et respectueuse.
  • La capacité à instaurer un climat de confiance, indispensable pour que le client se sente entendu et défendu.
  • L’image d’un professionnel équilibré, qui agit dans l’intérêt de son client tout en respectant les règles éthiques.

La sanction du non-respect : une responsabilité disciplinaire

La violation des principes de dignité ou de courtoisie n’est pas anodine :

  • Elle peut entraîner des procédures disciplinaires devant les instances ordinales.
  • Les sanctions vont de l’avertissement à la radiation, selon la gravité des faits.
  • Elles rappellent que ces principes ne relèvent pas d’une morale personnelle, mais d’un cadre juridique obligatoire.

La jurisprudence disciplinaire souligne que même des comportements en dehors de l’exercice strict de la profession peuvent justifier des sanctions, lorsqu’ils portent atteinte à l’image de l’avocat.

Dignité et courtoisie : des valeurs en action

Dans les interactions quotidiennes. Au quotidien, ces principes se traduisent par des comportements simples :

  • Répondre avec respect aux courriers ou mails, même en cas de désaccord.
  • Éviter toute agressivité verbale, notamment lors des audiences ou négociations.
  • Maintenir une tenue et un langage conformes à l’éthique de la profession.

Dans les situations de tension.  Les litiges, pressions ou délais peuvent mettre à mal la courtoisie. Pourtant, c’est précisément dans ces moments que la dignité et la retenue doivent s’affirmer.  Un avocat capable de défendre fermement son client tout en demeurant respectueux incarne pleinement les valeurs de la profession.

Dans la construction de l’image de l’avocat. Aujourd’***, la réputation professionnelle se construit aussi sur la perception extérieure. Un avocat reconnu pour sa dignité et sa courtoisie inspire confiance, attire des clients et se distingue comme un acteur crédible de la justice.

Pourquoi ces principes restent plus que jamais actuels. Dans un monde marqué par l’immédiateté, la médiatisation des affaires judiciaires et la concurrence accrue, il pourrait être tentant de privilégier la visibilité ou l’agressivité.  Mais c’est précisément dans ce contexte que la dignité et la courtoisie apparaissent comme des repères immuables.  Elles rappellent que la mission de l’avocat dépasse le simple service rendu à un client : elle contribue à la défense des droits fondamentaux et au maintien de l’État de droit.

Pour conclure cet article, dignité et courtoisie, forment 2 piliers à redécouvrir et à cultiver. Il ne s'agit pas là de simples accessoires déontologiques : elles forment l’ossature même de la profession d’avocat.  En respectant ces principes, l’avocat protège l’image de sa profession, instaure une relation de confiance avec ses clients et participe activement à la crédibilité du système judiciaire. 

Point right  Pour approfondir ces enjeux, nous vous invitons à  :

Visionner la vidéo de Me Thomas Baudesson, avocat associé, Clifford Chance Paris, ancien membre du Conseil de l’Ordre, dans laquelle il apporte son point de vue et ses propositions sur l'explosion des incidents déontologiques du quotidien entre avocats.

Télécharger l’extrait de l’étude « Avocat – Obligation et prérogatives » de Me Raymond  Martin, Docteur en droit, Avocat honoraire, étude actualisée par Me Daniel  Landry, Avocat honoraire, Ancien bâtonnier, Ancien membre du CNB (Encyclopédie Procédures civiles) qui permet de clarifier le contenu et la portée de ces deux principes.


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