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Depuis la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et son investiture le 20 Janvier 2025, nombreuses sont les interrogations quant à ses répercussions sur l'économie mondiale, notamment...
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La période est aux vœux, bonnes résolutions et autres - parfois vaines - intentions. Aux bilans, rétrospectives qui fleurent plus la rubrique nécrologique que les carnets roses. Chaque monde pleure ses pertes plutôt que d'honorer ses belles éclosions. Les guerres éclipsent les paix - mais où êtes-vous ? -, les catastrophes technologiques les progrès scientifiques, les épidémies les remèdes, Alain Delon et Anouk Aimée les nouveaux visages qui, eux aussi, savent pourtant crever l'écran. Il ne s'agit pas de crier naïvement à l'optimisme : la peine semble perdue et je m'excuserais presque d'être dotée de ce qui est censé être une qualité. Mais personne ne peut m'ôter le droit de formuler un vœu, sans nécessairement citer le génial Brel ou renvoyer à la « bonne année » glaciale, regard fixe, de Lino Ventura. Un tour d'horizon des réseaux sociaux paraît leur donner la palme. Je m'adresse aux femmes porteuses de vie, celles-là mêmes qui ont décidé de la donner, ou, sans l'avoir décidé ex ante, de la conserver. Celles à qui désormais, même notre Constitution s'adresse. Et si votre fille se prénommait Gisèle ?
Si le prénom Gisèle, après le premier procès dit des viols de Mazan, devenait autant à la mode que Kylian après 2018 ? Un combat féministe vaut bien un exploit sportif, même si chacun est évidemment libre de se choisir ses propres références, images et héros. Gisèle Pelicot n'a pas fait que nous émouvoir, nous toucher au plus profond de nos êtres féminins et masculins - les premiers alliés des femmes doivent être les hommes -, susciter notre admiration révérencieuse. Elle n'a pas fait que la Une des magazines français et étrangers. Elle va inciter le droit à évoluer. La publicité qu'elle a voulu donner à la destruction de son intimité, pour que « la honte change de camp », va possiblement concourir à modifier la face juridique du viol. L'absence de consentement pendant le sommeil n'aura plus besoin d'interroger Pierre Niney, invité dans un clip de la chanteuse Angèle : « Quand une fille dort, du coup on ne sait pas... Si on peut, si on ne peut pas... » / « Si elle dort, tu la laisses dormir ».
La Gisèle de 2024 peut participer à la modification du Code pénal comme la Gisèle de 1972. Celle-là dont certains réclament aujourd'*** la panthéonisation, tant son combat pour la dépénalisation de l'avortement avait été déterminant. Car il faut relire la plaidoirie de Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny pour mesurer toute sa part : « Ce jugement, Messieurs, vous le savez (...), ce jugement de relaxe sera irréversible, et à votre suite, le législateur s'en préoccupera. Nous vous le disons, il faut le prononcer, parce que nous, les femmes, nous, la moitié de l'humanité, nous sommes mises en marche ». Il ne sera pas aisé pour le Parlement d'intégrer la notion de consentement dans notre droit pénal. Le droit comparé apporte la preuve en vertu de laquelle la « greffe » d'une telle notion peut fonctionner ou non selon les systèmes. Les échanges autour de la mission de l'Assemblée nationale sur la définition pénale du viol lancée en 2023 mettent en lumière l'absence de consensus sur la définition du consentement. Même si les juristes, élus, associations féministes ne sont pas à l'unisson sur ce que ladite définition impliquerait (se questionner sur le consentement pourrait revenir à se focaliser sur le comportement de la victime plutôt que sur celui de l'auteur de l'agression), il faut veiller à ce que le débat ait bien lieu. Et en attendant ce dernier, la possibilité d'une loi, la certitude d'un procès en appel, bienvenue à toutes les Gisèle - et pourquoi pas les Gisel - né(e)s en 2025 dont le prénom pourra aussi renvoyer au ballet (orthographié différemment) emblématique du thème certes désuet de l'amour plus fort que la mort. Comme symbole, c'est pas mal aussi.
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